Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/96

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chemin où tout le monde passait, laisse tomber sa pipe et, la ramassant, aperçoit des traces d’or, court en secret enregistrer le terrain, creuse et, en trois jours, est propriétaire de quinze kilogs d’or… L’or, l’or… Des histoires il en existe par milliers et

chaque soir les mineurs rêvent d’être, le lendemain, le héros de l’une d’entre elles.

Trouver sous la pioche un « panier d’oranges » : un trou bourré de pépites grosses comme des noix !…

Le mineur rêve, songeant au crédit qu’il devra payer bientôt chez le commerçant intraitable, au mercure à vingt francs le kilog sans lequel il ne pourra pas travailler. Même pas une « ouaille » depuis plusieurs semaines et pourtant qu’est-ce que l’ouaille ?… une simple paillette d’or, une minuscule paillette.

Dans le crâne du mineur, les mesures en usage chez les orpailleurs défilent… la couleur… plusieurs « ouailles » très belles, le sou marqué, à la teneur d’or plus forte. Autrefois cela valait un sou d’or, et puis un deci, deux deci, la pincée… au-delà du sou marqué et enfin le « panier d’oranges », poche riche mais vite épuisée car seule la paillette indique un sol aux alluvions uniformément riches.

Dors, mineur… rêve mineur… demain je prends la route sans envier ton sort.

Ma fortune c’est l’espace, la certitude de découvrir quelque chose d’inconnu, d’inviolé, la tienne c’est un infini problématique.

Adieu mineurs et… bon vent !

Vendredi 21 Octobre.

De bonne heure ce matin, Hurault prend le chemin de la grève en compagnie de huit Indiens et deux Créo-