Page:Maupassant, Des vers, 1908.djvu/114

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III

Ils guettèrent, ayant grand’peur d’être aperçus ;
Et puis, voûtés, avec le dos rond des bossus,
Humbles d’être si vieux quand tout semblait revivre,
Ainsi que des enfants ils se prirent la main
Et partirent, barrant la largeur du chemin.
Car chacun oscillant un peu, comme un homme ivre,
Heurtait l’autre d’un coup d’épaule quelquefois,
Et des zigzags guidaient leur douteux équilibre.
Leurs bâtons supportant chaque bras resté libre
Trottaient à leurs côtés comme deux pieds de bois.

Mais, d’arrêts en arrêts dans leur course essoufflée,
Ils gagnèrent le parc et puis la grande allée.
Leur passé se levait et marchait devant eux,
Et sur la terre humide ils croyaient voir, par places,
L’empreinte fraîche encor de leurs pieds amoureux ;
Comme si les chemins avaient gardé leurs traces,
Attendant chaque jour le couple habituel.
Ils allaient, tout chétifs, près des arbres énormes,