Page:Maupassant - Œuvres posthumes, I, OC, Conard, 1910.djvu/277

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LE FERMIER.


Le baron René du Treilles m’avait dit :

— Voulez-vous venir faire l’ouverture de la chasse avec moi dans ma ferme de Marinville ? Vous me raviriez, mon cher. D’ailleurs, je suis tout seul. Cette chasse est d’un accès si difficile, et la maison où je couche si primitive que je n’y puis mener que des amis tout à fait intimes.

J’avais accepté.

Nous partîmes donc le samedi par le chemin de fer, ligne de Normandie. À la station d’Alvimare on descendit, et le baron René me montrant un char à bancs campagnard attelé d’un cheval peureux que maintenait un grand paysan à cheveux blancs, me dit :

— Voici votre équipage, mon cher.

L’homme tendit la main à son propriétaire, et le baron la serra vivement en demandant :

— Eh bien, maître Lebrument, ça va ?

— Toujou d’même, m’sieu le baron.

Nous montâmes dans cette cage à poulets suspendue et secouée sur deux roues démesurées. Et le jeune cheval, après un écart violent, partit au galop en nous