Page:Maupassant - Œuvres posthumes, II, OC, Conard, 1910.djvu/176

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partout, à Paris, Cannes, Londres, Vienne ou Saint-Pétersbourg, caste établie par la naissance, par l'éducation, par la tradition du chic, par une même conception de la vie distinguée, aussi par des mariages, consacrée surtout par des relations de cour et des amitiés royales qui l'élèvent presque au-dessus du préjugé populaire et banal des nationalités.

Seul le petit accent d'origine qui timbre toutes ces bouches révèle qu'elles n'ont pas appris sous le même drapeau la langue qu'elles emploient suivant les villes où elles se trouvent.

La princesse et Mariolle, assis à côté d'elle, se séparèrent bientôt des autres dans un entretien particulier. Pour lui plaire il vantait ses chasses, son talent remarquable d'écuyère, son ardeur à suivre un laisser-courre. Entraînée dans sa passion, elle montrait déjà en ses yeux et en sa voix cette gentillesse spéciale des gens dont on flatte les manies; puis ils s'entretinrent de voyages, de la mer, des montagnes, des Alpes. Les environs d'Aix furent un long motif de récits.

- L'excursion que nous faisons demain, dit-elle, est une merveille. je ne vous la décris pas, vous la verrez. Puis, pour lui prouver qu'il venait de conquérir sa sympathie:

- Tenez, je vous prendrai dans ma voiture avec une charmante petite femme, la comtesse Mosska, une Roumaine.

Il demanda.

- Elle était tout à l'heure dans la salle de jeu, n'est-ce pas?

- Oui, avec son père, ce vieux à moustache et à barbiche blanche.

Alors la princesse donna quelques détails sur cette jeune femme dont la beauté faisait sensation à Aix.