Page:Maupassant - Boule de suif.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Merci, ma vieille. V’là pour toi.

— Merci, m’sieu.

Et Varajou sortit en répétant : « Deuxième à gauche, première à droite, 15. » Mais au bout de quelques secondes, il pensa : « Deuxième à gauche, — oui. — Mais en sortant du café, fallait-il prendre à droite ou à gauche ? Bah ? tant pis, nous verrons bien. »

Et il marcha, tourna dans la seconde rue à gauche, puis dans la première à droite, et chercha le numéro 15. C’était une maison d’assez belle apparence, dont on voyait, derrière les volets clos, les fenêtres éclairées au premier étage. La porte d’entrée demeurait entr’ouverte, et une lampe brûlait dans le vestibule. Le sous-officier pensa :

— C’est bien ici.

Il entra donc et, comme personne ne venait, il appela :

— Ohé ! Ohé !

Une petite bonne apparut et demeura stupéfaite en apercevant un soldat. Il lui dit :

— Bonjour, mon enfant. Ces dames sont en haut ?

— Oui, monsieur.

— Au salon ?

— Oui monsieur.

— Je n’ai qu’à monter ?

— Oui, monsieur.

— La porte en face ?

— Oui, monsieur.

Il monta, ouvrit une porte et aperçut, dans une pièce bien éclairée par deux lampes, un lustre et deux candélabres à bougies, quatre dames décolletées qui semblaient attendre quelqu’un.