Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/163

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un coin et commencèrent une partie, et les petits verres disparaissaient, l’un après l’autre, dans la profondeur de leurs gorges.

Puis ils jouèrent d’autres parties, burent d’autres petits verres. Mathurin versait toujours, en clignant de l’œil au patron, un gros homme aussi rouge que du feu et qui rigolait, comme s’il eût su quelque longue farce ; et Jérémie engloutissait l’alcool, balançait sa tête, poussait des rires pareils à des rugissements en regardant son compère d’un air hébété et content.

Tous les clients s’en allaient. Et, chaque fois que l’un d’eux ouvrait la porte du dehors pour partir, un coup de vent entrait dans le café, remuait en tempête la lourde fumée des pipes, balançait les lampes au bout de leurs chaînettes et faisait vaciller leurs flammes ; et on entendait tout à coup le choc profond d’une vague s’écroulant et le mugissement de la bourrasque.

Jérémie, le col desserré, prenait des poses de soûlard, une jambe étendue, un bras