Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/151

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pièce. Il était seul, les coudes sur les bras du siège, la tête entre les épaules, les joues roses, l’œil brillant, l’air enchanté.

Dans la pièce voisine, j’entendais un bruit de vaisselle. Marchas me dit en souriant d’une façon béate :

— Ça va, j’ai trouvé le bordeaux dans le poulailler, le Champagne sous les marches du perron, l’eau-de-vie, — cinquante bouteilles de vraie fine — dans le potager, sous un poirier qui, vu à la lanterne, ne m’a pas semblé droit. Comme solide, nous avons deux poules, une oie, un canard, trois pigeons et un merle cueilli dans une cage, rien que de la plume, comme tu vois. Tout ça cuit en ce moment. Ce pays est excellent.

Je m’étais assis en face de lui. La flamme de la cheminée me grillait le nez et les joues :

— Où as-tu trouvé ce bois-là ? demandai-je.

Il murmura :

— Bois magnifique, voiture de maître, coupé. C’est la peinture qui donne cette flambée, un punch d’essence et de vernis. Bonne maison !

Je riais, tant je le trouvais drôle, l’animal. Il reprit :

Dire que c’est jour des Rois ! J’ai fait