Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
250
le voyage du horla.

grande galette de toile jaune, aplatie à terre sous un filet. On appelle cela la mise en épervier ; et il a l’air en effet d’un vaste poisson pris et mort.

Deux ou trois cents personnes le regardent, assises ou debout, ou bien examinent la nacelle, un joli panier carré, un panier à chair humaine qui porte sur son flanc, en lettres d’or, dans une plaque d’acajou : Le Horla.

On se précipite soudain, car le gaz pénètre enfin dans le ballon par un long tube de toile jaune qui rampe sur le sol, se gonfle, palpite comme un ver démesuré. Mais une autre pensée, une autre image frappent tous les yeux et tous les esprits. C’est ainsi que la nature elle-même nourrit les êtres jusqu’à leur naissance. La bête qui s’envolera tout à l’heure commence à se soulever, et les aides du capitaine Jovis, à mesure que le Horla grossit, étendent et mettent en place le filet qui le couvre de façon à ce que la pression soit bien régulière et également répartie sur tous les points.

Cette opération est fort délicate et fort importante ; car la résistance de la toile de coton, si mince, dont est fait l’aérostat, est calculée non en raison de l’étendue du contact de cette toile avec le filet, mais aux mailles serrées qui portera la nacelle.