Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/241

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— Je suis venue moi-même, parce qu’on fait mieux les choses en personne.

— Je suis de votre avis, mademoiselle. Donc vous désirez vous marier ?

— Oui, monsieur.

— Vous avez de la famille ?

Elle hésita, baissa les yeux et balbutia :

— Non, monsieur… Ma mère… et mon père… sont morts.

Je tressaillis. — Donc j’avais deviné juste — et une vive sympathie s’éveilla brusquement dans mon cœur pour cette pauvre créature. Je n’insistai pas, pour ménager sa sensibilité, et je repris :

— Votre fortune est bien nette ?

Elle répondit, cette fois, sans hésiter :

— Oh ! oui, monsieur.

Je la regardais avec grande attention, et, vraiment, elle ne me déplaisait pas, bien qu’un peu mûre, plus mûre que je n’avais pensé. C’était une belle personne, une forte personne, une maîtresse femme. Et l’idée me vint de lui jouer une jolie petite comédie de sentiment, de devenir amou-