Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/44

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dire un mot, il se mit à descendre vers le morne de toute la vitesse de ses longues jambes.

Des cris d’épouvante jaillirent des bouches ; un remous de terreur agita la foule ; et le roquet, voyant arriver vers lui ce grand homme, se sauva derrière le roc. Paul l’y poursuivit ; le chien passa encore de l’autre côté et, pendant une minute ou deux, ils coururent autour de la pierre, allant et revenant tantôt à droite, tantôt à gauche, comme s’ils eussent joué une partie de cache-cache.

Voyant enfin qu’il n’atteindrait pas la bête, le jeune homme se mit à remonter la pente, et le chien, repris de fureur, recommença ses aboiements.

Des vociférations de colère accueillirent le retour de l’imprudent essoufflé, car les gens ne pardonnent point à ceux qui les ont fait trembler. Christiane suffoquait d’émotion, les deux mains appuyées sur son cœur bondissant. Elle perdait tellement la tête qu’elle demanda : « Vous n’êtes pas blessé, au moins », tandis que Gontran, furieux, criait : « Il est fou, cet animal-là ; il ne fait jamais que des bêtises pareilles ; je ne connais pas un semblable idiot… »

Mais le sol oscilla, soulevé. Une détonation formidable secoua le pays entier, et, pendant près d’une longue minute, tonna dans la montagne, répétée par tous les échos comme autant de coups de canon.

Christiane ne vit rien qu’un pluie de pierres re-