Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/155

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GILBERTE, à mi-voix.

Si je pouvais deviner ce qui s’est passé en lui à ce moment-là ! Oh ! cette morte, c’est bien pis pour moi que si elle était vivante !


MADAME DE RONCHARD, assise à droite, se levant et remontant.

Je ne te comprends plus, ma chère. Elle est morte, tant mieux pour toi. Dieu t’en délivre !


GILBERTE.

Non, ma tante ; ce que j’éprouve est si pénible que j’aimerais mieux la savoir loin que de la savoir morte.


PETITPRÉ, descendant.

Moi, je l’admets, c’est là un sentiment de jeune femme émue par un affreux événement. Il n’y a qu’une complication grave là-dedans, très grave : celle de l’enfant. Quoi qu’on fasse de lui, il ne sera pas moins le fils de mon gendre et un danger pour nous tous.


MADAME DE RONCHARD.

Et un ridicule. Voyez-vous un peu ce qu’en dirait le monde ?


LÉON.

Laissons le monde tranquille, ma tante, et occupons-nous de nous-même ! (Allant à sa sœur.) Toi, Gilberte, est-ce que l’idée de l’enfant t’émeut beaucoup ?