qui voilaient les murs de pierre salpêtrés. On ne voyait rien que des branchages. Le plafond était garni de fougères, le sol couvert de feuilles et de fleurs.
On trouvait cela charmant, d’une imagination délicieuse. Dans le petit caveau du fond s’élevait une estrade pour les tireurs, entre deux rangs de chaises pour les juges.
Et dans toute la cave, les banquettes, alignées par dix, autant à droite qu’à gauche, pouvaient porter près de deux cents personnes. On en avait invité quatre cents.
Devant l’estrade, des jeunes gens en costumes d’assaut, minces, avec des membres longs, la taille cambrée, la moustache en croc, posaient déjà devant les spectateurs. On se les nommait, on désignait les maîtres et les amateurs, toutes les notabilités de l’escrime. Autour d’eux causaient des messieurs en redingote, jeunes et vieux, qui avaient un air de famille avec les tireurs en tenue de combat. Ils cherchaient aussi à être vus, reconnus et nommés, c’étaient des princes de l’épée en civil, les experts en coups de bouton.
Presque toutes les banquettes étaient couvertes de femmes, qui faisaient un grand froissement d’étoffes remuées et un grand murmure de voix. Elles s’éventaient comme au théâtre, car il faisait déjà une chaleur d’étuve dans cette grotte feuillue. Un farceur criait de temps en temps : — Orgeat ! limonade ! bière !
Mme Walter et ses filles gagnèrent leurs places réservées au premier rang. Du Roy les ayant installées allait partir, il murmura :
— Je suis obligé de vous quitter, les hommes ne peuvent accaparer les banquettes.
Mais Mme Walter répondit en hésitant :
— J’ai bien envie de vous garder tout de même. Vous