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sie à gauche, l’Algérie au milieu, et le Maroc à droite, l’histoire des races qui peuplent ce grand territoire, et le récit d’une excursion sur la frontière marocaine jusqu’à la grande oasis de Figuig où aucun Européen n’a pénétré et qui est la cause du conflit actuel. Ça vous va-t-il ?

Le père Walter s’écria : — Admirable ! Et quel titre ?

— De Tunis à Tanger !

— Superbe.

Et Du Roy s’en alla fouiller dans la collection de la Vie Française pour retrouver son premier article : « Les Mémoires d’un chasseur d’Afrique », qui, débaptisé, retapé et modifié, ferait admirablement l’affaire, d’un bout à l’autre, puisqu’il y était question de politique coloniale, de la population algérienne et d’une excursion dans la province d’Oran.

En trois quarts d’heure, la chose fut refaite, rafistolée, mise au point, avec une saveur d’actualité, et des louanges pour le nouveau cabinet.

Le directeur, ayant lu l’article, déclara : — C’est parfait… parfait… parfait. Vous êtes un homme précieux. Tous mes compliments.

Et Du Roy rentra dîner, enchanté de sa journée, malgré l’échec de la Trinité, car il sentait bien la partie gagnée.

Sa femme, fievreuse, l’attendait. Elle s’écria en le voyant : — Tu sais que Laroche est ministre des affaires étrangères.

— Oui, je viens même de faire un article sur l’Algérie à ce sujet.

— Quoi donc ?

— Tu le connais, le premier que nous ayons écrit ensemble : « Les Mémoires d’un chasseur d’Afrique », revu et corrigé pour la circonstance.