Elle demanda : — Qu’est-ce qu’il faut faire alors ?
Il hésitait, la regardant de côté : — M’aimez-vous assez pour commettre une folie ?
Elle répondit résolument :
— Oui.
— Une grande folie ?
— Oui.
— La plus grande des folies ?
— Oui.
— Aurez-vous aussi assez de courage pour braver votre père et votre mère ?
— Oui.
— Bien vrai ?
— Oui.
— Eh bien ! il y a un moyen, un seul ! Il faut que la chose vienne de vous, et pas de moi. Vous êtes une enfant gâtée, on vous laisse tout dire, on ne s’étonnera pas trop d’une audace de plus de votre part. Écoutez donc. Ce soir, en rentrant, vous irez trouver votre maman, d’abord, votre maman toute seule. Et vous lui avouerez que vous voulez m’épouser. Elle aura une grosse émotion et une grosse colère…
Suzanne l’interrompit : — Oh ! maman voudra bien.
Il reprit vivement : — Non. Vous ne la connaissez pas. Elle sera plus fâchée et plus furieuse que votre père. Vous verrez comme elle refusera. Mais vous tiendrez bon, vous ne céderez pas ; vous répéterez que vous voulez m’épouser, moi seul, rien que moi. Le ferez-vous ?
— Je le ferai.
— Et en sortant de chez votre mère, vous direz la même chose à votre père, d’un air très sérieux et très décidé.
— Oui, oui. Et puis ?
— Et puis, c’est là que ça devient grave. Si vous êtes