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Page:Maupertuis de - Oeuvres - T3 - 1768, Lyon.djvu/442

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reproduire dès que quelque passion nous remet dans cet état où l’on n’avait besoin que de lui, dès que nous sommes emportés par la colère, par la joie, ou par la douleur. Ce langage fait encore sentir sa force lorsqu’on joint le geste à la parole : mais si tous les moyens d’expression se trouvent réunis, si l’on ajoute à la parole et aux gestes les sons d’une voix touchante, c’est alors que Didon inspire au spectateur tous les sentiments qu’elle éprouve, remplit toute la sensibilité du cœur qui l’écoute.

VIII — Je ne parle ici que de ce que nous voyons tous les jours ; je ne dis rien de ces effets merveilleux que les anciens nous racontent du pouvoir de leur musique. Il serait difficile de marquer jusqu’où cet art perfectionné peut aller, jusqu’où des organes aiguisés par un long exercice peuvent le faire valoir, jusqu’où l’imagination y peut influer ; mais je crois qu’en admettant quelque exagération dans les récits qu’on nous en fait, on ne peut cependant douter