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Page:Maupertuis de - Oeuvres - T3 - 1768, Lyon.djvu/443

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que cette musique ne fût capable de produire d’étranges effets.

IX — Je ne sais si c’est un sentiment qui m’est particulier, mais il me semble que l’usage des sons est plus propre à émouvoir, et celui du geste à persuader.

X — Revenons aux langues proprement dites, aux langages d’articulation. Après que par des combinaisons infinies d’articulations on fut parvenu à exprimer toutes les idées, chaque peuple eut sa langue à part ; et dans ce nombre prodigieux de mots qui appartiennent à chacune, il est rare d’en trouver un qui ait dans deux langues différentes la même signification, à moins que ce mot n’ait passé de l’une dans l’autre. Partout le nombre des mots fut proportionné au nombre des idées : les peuples les plus spirituels eurent les dictionnaires les plus amples ; ils surent distinguer jusqu’aux moindres différences dans les nuances de ce qu’ils voulaient dire ; ils eurent quelquefois (quoique plus rarement qu’on ne pense) jusqu’à des