Page:Maupertuis de - Oeuvres - T3 - 1768, Lyon.djvu/445

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parle ici que des vues générales qui ont conduit tous les peuples dans la formation de leurs langues.

XIII — À la vérité, tous les peuples n’ont peut-être pas fait d’abord toutes ces distinctions dont nous parlons ici. Un sauvage dont la langue n’est point encore formée, pourrait confondre et exprimer tout à la fois le pronom, le verbe, le nombre, le substantif et l’adjectif ; et dire dans un seul mot : j’ai tué un gros ours. Mais une langue ne saurait demeurer longtemps dans cet état ; la mémoire ne pourrait retenir toutes ces expressions simples trop multipliées, qui n’auraient point de rapport les unes aux autres ; il en faudrait bientôt venir à distinguer et à développer toutes les parties contenues dans chaque phrase. Au contraire, si une nation dont la langue est déjà formée se trouve avoir souvent à dire les mêmes choses, elle raccourcira ses expressions, et pourra rendre des idées fort complexes par un seul mot. C’est ainsi que dans les langues les plus parfaites on introduit les mots techniques, et