Aller au contenu

Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loir diriger l’Économie, il faudrait commencer par diriger l’éducation des jeunes.

Le Silence.

C’est bien à dessein que j’ai rangé le silence dans ce chapitre, car le bruit est un phénomène physique, mais qui influence beaucoup nos valeurs morales. Je suis persuadé que nos fatigues, notre mauvaise humeur, notre irritabilité, sont provoquées et entretenues par le bruit infernal dans lequel nous vivons. Il faut avouer que, sous ce rapport, le libéralisme a fait preuve d’une carence regrettable. Car la liberté ne signifie pas licence, et j’ai déjà exposé qu’elle devait s’arrêter là où elle commence à nuire au voisin. Mais je tresserais des couronnes au dirigisme s’il voulait étudier le problème du bruit et si, appliquant ses méthodes, il pouvait nous débarrasser de ce fléau.

Et il y a à faire.

Les chiens qui aboient d’autant mieux qu’ils sont plus petits, les boîtes à ordures qui se vengent de se lever tôt, le piano du voisin qui joue cent fois la Prière d’une Vierge, la radio d’en face qui vous inflige le communiqué, les autos qui hurlent à chaque carrefour, les motocyclettes qui pétaradent orgueilleusement, tous se liguent pour troubler notre repos. Boileau se plaignait déjà des bruits de Paris dans une satire célèbre. Pauvre Boileau, s’il revenait, que dirait-il ? Il dirait, peut-être, que, phénomène curieux, la guerre nous a, dans l’intervalle des