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bombardements, amené une vague de silence. Les chiens sont morts de faim, les autos ne circulent plus la nuit, les trains sont plus rares et les sans-filistes plus discrets, de peur de laisser connaître leur opinion.

Mais la paix reviendra. En attendant, j’écris ce chapitre à Genève, la plus belle ville du monde, mais qui, pour moi, est rendue invivable par deux lignes de tramways qui se croisent sous ma fenêtre.

Nous vivons dans une cacophonie épouvantable ; sans aller jusqu’à dire qu’elle est la cause des guerres, je crois qu’elle y contribue par le surmenage des nerfs.

Il y a longtemps qu’un écrivain de talent — Georges Prade père, je crois — a déclaré que la « vitesse est l’aristocratie du mouvement ». Je modifierai sa formule en disant que « le silence est l’aristocratie de la vitesse ». Car le bruit a des conséquences redoutables. Il est l’indice de la destruction de la matière par usure rapide. Prenez un convoi sur chemin de fer. Rendez-le silencieux, comme l’a fait le génial Édouard Michelin, en le montant sur pneus. Alors transformé, le matériel ne s’use plus, ainsi que la voie, et les riverains peuvent enfin dormir tranquilles, à moins que l’esprit « chemin, de fer », pour se venger, ne munisse ses Michelines d’une trompe qui s’entende à dix kilomètres.

De même, je suis navré de constater que le Métro de Paris — mais c’est un monopole — n’a fait aucun effort sérieux pour monter ses voitures sur pneus, ce qui serait tout à l’avantage des voyageurs et du matériel.