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Il croit éviter ainsi les erreurs, ce qui n’est pas sûr, mais il décourage ses collaborateurs, ce qui est certain.

Il doit avoir de l’audace et savoir prendre des risques, car s’il n’ose pas, il est battu d’avance. En cas d’échec, il ne doit pas hésiter à prendre pour lui-même les responsabilités, sans les rejeter systématiquement sur ses collaborateurs, qui n’auraient plus alors qu’un but ; se couvrir avant tout.

N’oublions pas que son intelligence, son initiative et son audace doivent être tempérées par le bon sens. C’est le professeur Marion qui disait : « L’intelligence court les rues, le bon sens n’est qu’aux carrefours », et encore pas à tous les carrefours, ajouterai-je. Le bon sens est parfois inversement proportionnel à l’instruction, ce qui se vérifie souvent dans les grandes Écoles.

Une des qualités maîtresses pour un Chef est de savoir prévoir. C’est l’une des plus rares, car elle exige un effort de tous les instants pour se dégager des contingences du moment et se situer dans l’avenir. Mais quelle puissance il retire de savoir donner ses ordres à l’avance, d’échafauder des projets à long terme, d’ébaucher des solutions avec le temps de les mettre au point ! Que d’affaires ai-je vues péricliter parce qu’elles étaient toujours en retard d’une idée ou d’une année !

Le mauvais Chef rejette toujours la faute de ses échecs sur son entourage, alors qu’il devrait commencer par se les imputer à lui-même. J’ai assisté à la lente agonie d’une affaire d’automobiles, aujourd’hui disparue, où