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Défense du Pays.

Il est évident que la défense du Pays ne saurait être confiée qu’à l’État, surtout depuis l’apparition de la guerre totale. Seul, l’État est capable de recruter, d’organiser et d’équiper les millions d’hommes qui composent l’Armée. Mais il en est tout autrement pour l’étude et la fourniture du matériel, pour lesquelles l’État doit avoir recours, le plus possible, à l’initiative privée, aiguillonnée par la concurrence. Je n’ignore pas que, parmi les Ingénieurs militaires, il y a des savants de très grande valeur. Le canon de 75 en est une preuve éclatante, mais il ne s’agit là que d’un cas d’espèce. D’une manière générale, il y a tout intérêt à ce que l’Ingénieur d’État soit mis en compétition avec l’Ingénieur civil. Les conceptions de ces deux classes d’Ingénieurs sont entièrement différentes. Pour le premier, ce qui compte, avant tout, c’est le résultat, quel que soit le coût. Pour le second, outre le résultat, ce qui importe, c’est le prix de revient. On pourrait dire que, pendant la guerre, le prix importe peu. C’est une grave erreur, car le prix commande la production. C’est pour avoir négligé cet axiome qu’en 1940, par exemple, nous avions des canons de D. C. A. pourvus d’un système de visée admirablement compliqué, capables d’atteindre automatiquement — sur le papier — un avion dont on connaissait la hauteur, la vitesse et la direction. Mais la production en était fatalement réduite à quelques échantillons. Quant aux avions, c’était pis. Ils avaient toutes les qualités, sauf celle de pouvoir être construits. L’Ingénieur d’État, qui