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tance pour l’Égypte. En passant dans la baie de Naples, j’envoyai mon testament à mon notaire. Je ne croyais pas revoir la France. Pourtant, après quinze jours passés au Caire, un léger mieux se dessinait et, comme avant-goût d’un voyage au Ciel, je décidai de remonter le Nil en bateau. C’était le paradis. Dans un décor inoubliable, paré de couchers de soleil somptueux, j’oubliai tous les tracas de la carburation. Toute l’histoire égyptienne défilait devant mes yeux. C’était Louqsor avec le temple de Karnak, Thèbes avec la vallée des Rois, Assouan avec le temple de Philæ, tandis que je relisais la passionnante histoire de Sésostris, Ramsès II et Aménophis III. J’avais l’impression d’être revenu au temps des Pharaons, par le spectacle des malheureux fellahs qui, toute la journée, en plein soleil, accrochés aux rives du Nil, remontaient inlassablement l’eau du fleuve, avec des moyens primitifs, au siècle de la force motrice, qui était d’ailleurs prohibée pour ne pas assécher le fleuve. Le bateau s’arrêtant à la première cataracte, à Assouan, je décidai d’y passer l’hiver. Je commençai à pouvoir faire de courtes promenades dans le désert, à dos d’âne ou de chameau. Mais j’étais encore bien faible. Par bonheur je rencontrai un médecin allemand qui exerçait dans ces parages, et qui me conseilla de prendre des bains de sable brûlant dans le désert. J’en sortais rouge comme. une écrevisse, mais le traitement était merveilleux, car, au bout de deux mois, je sentais mes forces revenir progressivement. Il était temps de songer au retour, que j’effectuai à petites étapes, m’arrêtant au Caire, où je