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Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/87

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pour le soutenir jusqu’au bout. D’un million de découvert que Solex accusait à la première échéance remise, nous passâmes à près de cinq millions, lors de la catastrophe finale, sans avoir une traite, une signature ou une garantie en couverture. La liquidation judiciaire fut pour moi un calvaire. Des centaines de coups de téléphone, des dizaines de réunions suivirent la liquidation. J’avais la charge de protéger les intérêts de 800 millions de créances, tout en évitant une faillite qui aurait été désastreuse. J’acceptai des sacrifices importants, à la condition que l’avenir les atténuât, car j’avais confiance en l’affaire. En principe, paiement de 50 % en obligations à 3 %, avec un intérêt supplémentaire de 1/2 %, pour chaque tranche de 100 millions d’affaires au-dessus de 600 millions, plafond du moment. Mais je me heurtai à un « dur des durs », M. André Meyer, fondé de pouvoirs de la Banque Lazard, qui détenait le contrôle des actions. Malgré mes démarches pressantes, il refusait de présenter un concordat nanti de cette échelle mobile. La discussion se termina dans le bureau de M. Tannery, gouverneur de la Banque de France. L’entrevue fut dramatique, mais je n’obtins rien de mieux qu’une augmentation de 1/2 % d’intérêt, sans échelle mobile, un certain nombre de mes mandants ayant déjà traité dans la coulisse. C’est ainsi que les créanciers perdirent, faute d’union, au moins 200 millions. Comme fiche de consolation, j’obtins l’assurance verbale que les créanciers-fournisseurs auraient, pendant cinq ans, la priorité des commandes, et je dois