Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/196

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ne mit la main que sur des pièces originales insignifiantes, parmi lesquelles se trouvait le contrat de mariage de Karl Elmerich et de Jeanne Dolfus, son épouse.

Il n’en conserva pas moins cet acte avec quelques autres au fond de ses archives particulières, et, quelques années plus tard, il se retrouvait à Paris où, grâce à son entente des affaires, il devint très promptement principal clerc de Me Léon Taillefer. Or, Me Taillefer se trouva précisément être le notaire qui procéda à l’inventaire après décès de Daniel Bernard, revenu d’Amérique et domicilié depuis quelques années en France.

En faisant la recherche des papiers avec son patron, Doubledent découvrit, au fond d’un secrétaire, dont M. Daniel Bernard seul avait la clef, une liasse cachetée sur laquelle étaient écrits ces mots : Papiers à brûler. Les cachets rompus, la liasse défaite, Doubledent qui opérait seul en ce moment, dans un coin, trouva des lettres adressées à Mlle Jeanne Dolfus par un nommé Karl Elmerich, les réponses de Mlle Jeanne au même Karl et d’autres papiers encore portant le nom de Karl Elmerich.

— Karl Elmerich ! se dit Doublement dont la mémoire était sûre, où donc ai-je vu ce nom ? Rentré chez lui, il fouillait immédiatement dans ses papiers et retrouvait le contrat de mariage de Karl Elmerich avec Jeanne Dolfus, passé en 1842 par devant Me Janodet, notaire à Colmar, son ancien patron.

Avec un homme de la force de Doubledent, il n’en fallait pas davantage pour qu’il comprît et restituât tout le passé. Il se rappela immédiatement le crime de Colmar, ses diverses circonstances, le mariage qui l’a-