Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vait précédé, la fuite du mari après le crime ; il se rappela même la figure de cet homme qu’il avait vu chez Me Janodet.

La première conclusion de Doubledent fut celle-ci : L’archi-millionnaire Daniel Bernard, marié à Mme de Nerval, n’est autre que l’assassin de Colmar, marié une première fois en cette ville. Avec un pareil secret découvert, si la femme de Karl Elmerich vivait encore, si elle avait un enfant, c’était une immense fortune à revendiquer, et dans tous les cas les détenteurs actuels de la succession seraient forcés de compter avec le possesseur du secret muni des pièces authentiques.

Soustraire dans la liasse de Daniel Bernard tous les papiers relatifs à Karl Elmerich fut dès le lendemain l’affaire d’un instant. Huit jours après il courut à Colmar où il relevait l’acte de naissance de Karl Elmerich après avoir relevé précédemment l’acte de décès du même personnage sous le nom de Daniel Bernard, il relevait encore l’acte de naissance de Jeanne Dolfus et son acte de mariage. Il retrouvait, au greffe de la cour de Colmar, le dossier de l’instruction criminelle dirigée contre Karl, s’en faisait délivrer des extraits, grâce aux relations de camaraderie qu’il avait conservées dans les bureaux du parquet.

La première difficulté était d’établir que Daniel Bernard et Karl Elmerich étaient la même personne ; il était sûr d’y parvenir à l’aide des pièces qui étaient dans ses mains, et il avait détourné au domicile mortuaire jusqu’à des photographies du défunt, qui pouvaient rappeler dans Daniel Bernard les traits de Karl Elmerich, à ceux qui l’avaient vu il y avait vingt-cinq ans.

Ce n’était rien encore : il fallait retrouver les traces de la première femme de Karl Elmerich. Ici un mur