Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’airain s’éleva devant lui. À Colmar, le crime de 1842 était presque oublié, et personne ne savait où, quand et comment la femme de Karl Elmerich, devenue folle, était allée se réfugier en s’échappant de la maison de santé où on l’avait placée.

Il fallut à Doubledent deux années de recherches pour le découvrir, et il y parvint grâce à une pénétration, à une puissance d’analyse, à un flair qui auraient fait honneur au détective le plus accompli. Il sut enfin que Jeanne Dolfus, sept mois après la disparition de son mari, était allée accoucher en fugitive, dans un hospice de Valenciennes, d’un fils qui avait été inscrit sous le nom de Karl Elmerich sur les actes de l’état civil.

Daniel Bernard avait donc laissé un fils légitime. Où était ce fils ?

Il releva l’acte de naissance du jeune Karl Elmerich, fit dresser un acte de notoriété constatant la résidence de Karl à Valenciennes jusqu’à l’époque de sa majorité et se mit à la poursuite du jeune homme.

On sait comment le jeune Karl Elmerich avait quitté Valenciennes après avoir été libéré par le sort du service militaire.

La ville où il avait été élevé par charité, où sa malheureuse mère était morte dans un hôpital, ne lui avait laissé que des souvenirs déchirants, et depuis quatre ans il n’avait jamais donné de ses nouvelles à aucune personne de Valenciennes.

Mais depuis six mois Doubledent était déjà sur ses traces. Il sut qu’il était parti pour Paris. Il courut au secrétariat de toutes les Facultés, de toutes les écoles, pour le découvrir ; mais Karl Elmerich n’était pas étudiant. Ce qu’il avait appris des aptitudes du jeune homme pour la musique modifia ses investigations ; il