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trouvé à qui parler dans la personne de M. de Marcus.

— Six cent mille francs ? dit le vieux gentilhomme, M. Doubledent avait parlé d’un chiffre beaucoup plus considérable ; mais la rémunération de M. Doubledent est une chose entre lui et M. Karl. Quelles seraient les prétentions de M. Karl lui-même sur la succession ?

— Monsieur le comte, j’apprécie que si M. Daniel Bernard n’avait pas été surpris par la mort, il aurait légué toute sa fortune à sa femme. L’action en restitution de Karl n’aurait pu, dans ce cas, s’exercer que pour la moitié de la succession, puisque le legs aurait été valable jusqu’à concurrence de cette quotité. C’est donc la moitié de la succession que réclamera M. Karl Elmerich.

— Ce sont là de bonnes et loyales paroles, dit le comte de Marcus gagné par l’air de franchise du jeune avocat, je vous en remercie, mais…

À ce moment une voix de femme se fit entendre, la porte s’ouvrit vivement.

C’était Mlle  de Nerval, une apparition ! Georges Raymond ne l’avait aperçue, pour ainsi dire, jusqu’alors qu’à la dérobée. Il avait devant lui et dans tout l’éclat de ses charmes, cette jeune fille dont il avait si longtemps rêvé.

Une expression de très grande surprise s’était peinte sur ses traits en apercevant le jeune avocat.

— Vous n’êtes point de trop, ma nièce, dit le comte de Marcus en arrêtant, par un geste paternel, le mouvement de retraite de Mlle  de Nerval. Il s’agit ici de vos intérêts. Monsieur est avocat, et il vient me parler, au nom de son client, des conditions auxquelles il serait possible de transiger sur la succession de votre mère.

Georges Raymond s’était immédiatement levé et