Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/30

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qu’à toute extrémité l’équipage eût la ressource de gagner, par terre, le port le plus voisin de la côte.

Les débuts ne sont pas heureux ; pendant vingt et un jours les vents contraires repoussent les navires dans les eaux de l’Égypte ou de la Syrie. On parle de retourner au port ; mais bientôt le vent change et en quelques heures on double Carthage, puis la Sardaigne.

Rien n’est fait encore ; à peine la Sardaigne dépassée, le vent change de nouveau ; on est forcé de relâcher à Ajaccio.

Le lendemain on veut remettre à la voile, impossible de sortir du golfe ; il faut rentrer dans le port, et sept jours se passent, pendant lesquels le danger va croissant.

Si les Anglais qui croisent dans ces parages apprennent le séjour forcé de Bonaparte en Corse, adieu le grand Empereur de France ! Les Anglais ne savent rien encore ; les dés ont bien tourné. Aucune voile n’est signalée à l’horizon ; on se met en mer pour Toulon, après avoir acheté une chaloupe, pourvue de douze rameurs vigoureux qui, en cas de détresse, essayeront de sauver le général et quelques hommes de son escorte. Cependant jusqu’au lendemain matin la navigation est heureuse, les navires touchent au port.

Mais, au coucher du soleil voici tout à coup qu’une escadre anglaise de quatorze voiles est signalée. Les Anglais, favorisés par la disposition de