Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/32

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décrété d’accusation pour avoir quitté son armée sans les ordres du Directoire, peut finir comme Custine ; mais l’enthousiasme des populations prévenues de l’arrivée de Bonaparte, entraîne les passagers vers la terre… Les destins s’accompliront !

Toute la théorie du hasard est dans cette traversée, on peut l’y étudier, comme le praticien étudie les phénomènes de la vie sur la nature morte.

Mais le hasard est-il réellement une force désordonnée en dehors de toute règle ? il ne faut pas se l’imaginer.

Qui n’a été frappé de l’inébranlable confiance avec laquelle le joueur persévère dans la recherche des combinaisons qui doivent le faire gagner ? Que cherche-t-il ? la loi du hasard, et les joueurs les plus maltraités sont ceux qui croient le plus fermement que, par des observations bien faites et exactement suivies, la chance peut être dominée ; et ils ne se trompent pas le moins du monde. Leur perte ne tient qu’à la fausseté de leurs calculs ou à l’entraînement de leurs passions.

Le hasard est un phénomène que l’on envisage ici sous le même rapport. C’est un élément composé de deux courants contraires, les bonnes et les mauvaises chances dont le flux et le reflux, les oscillations ou les écarts ne paraissent irréguliers que quand on les observe dans un espace restreint ou sur une échelle de temps limitée. On apprend, par exemple, à connaître la direction des courants heu-