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Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/33

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reux ou malheureux, et voici entre autres choses ce que l’on observe.

Les événements de la vie paraissent dominés par ce que nous appellerons volontiers une loi d’enchaînement, une loi de succession, de telle sorte que les accidents heureux ou malheureux semblent tous découler d’un premier succès ou d’une première faute. Un événement favorable ou contraire contient en lui une certaine série de déductions fatales ou propices qui doivent toutes s’épuiser dans un temps donné. De même encore une affaire qui a bien tourné, par une connexité mystérieuse, en amène d’autres également heureuses. C’est ce que l’on appelle communément une veine par une assimilation très frappante avec ces filons précieux que rencontrent les ouvriers mineurs dans leurs patientes explorations.

Grâce à ce qui précède nous avons maintenant une excellente définition du succès. Réussir c’est être dans le courant des chances heureuses ; ne pas réussir c’est avoir perdu le sens de leur direction.

Comprend-on maintenant ce que c’est que la superstition chez les amants, chez les joueurs, chez les hommes politiques surtout ? ce n’est pas autre chose qu’un calcul ou une intuition de la chance. Quand Polycrate jetait son anneau à la mer, il sentait que sa série était épuisée. Quand César se jetait dans une barque de pêcheurs en disant au milieu de la tempête, au pilote épouvanté : « Rassure-toi, tu portes