Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/42

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L’ennemi n’est pas celui que l’on attaque, mais celui qui attaque le mieux.

DES OPINIONS ET DES IDÉES GÉNÉRALES.

Il y a des phrases d’un bel effet contre les préjugés, mais il faudrait d’abord démontrer que l’ordre social peut être basé sur autre chose. Ensuite il y a une question embarrassante : ceux qui crient contre les préjugés consentiraient-ils à ce qu’ils fussent tous détruits ? On peut leur démontrer qu’ils en vivent.

Il y a sur la politique, sur la religion, sur la morale, sur les gouvernants, des manières de voir courantes, traditionnelles, une menue monnaie de jugements, de théories, de critiques qui forment comme un second élément de notions générales sur la nature humaine. Pour éviter des longueurs on peut procéder par voie de nomenclature.

On croit que le mérite est le plus sûr moyen de faire son chemin.

On croit qu’il faut de la capacité pour arriver aux emplois.

On s’imagine que l’opinion publique gouverne le monde.

On croit que la politique consiste dans la science des affaires.

On croit que les hommes publics croient ce qu’ils