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Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/43

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disent à la tribune ou ce qu’ils mettent dans leurs livres.

On croit au progrès indéfini de l’humanité.

Le peuple croit que quand il fait une révolution il en profitera.

On croit que pour établir un gouvernement il suffit de faire une constitution.

On croit que le monde est conduit par des idées.

On croit que les peuples se corrigent.

On croit qu’il y a des théories philosophiques ou sociales nouvelles.

On croit qu’il viendra un temps où les nations ne se feront plus la guerre.

On croit qu’on ne peut pas être un ignorant et un sot quand on fait un livre.

On croit que ceux qui demandent des réformes les désirent,

On croit que ceux qui soutiennent aujourd’hui un gouvernement parce qu’il est fort ne seront pas les premiers à le jeter à bas s’il s’avise de chanceler.

Eh bien que l’on soit de bon compte, parmi ceux qui s’attaquent aux préjugés, en est-il beaucoup qui ne vou­draient pas de ceux-ci ? Que l’on se demande ce que deviendrait l’ordre social si ces vulgarités-là n’étaient pas en circulation.

L’ingénuité des sociétés à travers leur corruption est une bien belle matière à gouvernement. On a beau voir dans les livres que les plus grands événements tiennent à de petites causes, que la politique