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Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/86

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sur leurs forces, mais cette chaleur est intermittente. Bientôt leurs idées pâlissent, leurs projets se refroidissent. Le foyer intérieur s’est éteint ; ils ne savent pas quand il se rallumera. Il leur faudra attendre quelque excitation physique, un caprice de leur tempérament, quelque choc d’idée imprévu.

Chez les ambitieux bien doués, le foyer brûle toujours ; ils sont toujours excités. Leur esprit est toujours tendu, leur âme toujours en mouvement, dans tous les temps. C’est le continuus animi motus dont il est question dans un passage de Salluste en parlant de César, qu’on nous représente toujours agité, toujours brûlant de faire quelque chose de nouveau. Les grands hommes ne sont pas autrement. Le foyer intérieur se traduit chez eux par des villes prises, des batailles livrées, des contributions frappées, des intrigues, machinations, combinaisons et inventions de toutes sortes, ils ne peuvent pas apaiser à moins l’ardeur de leurs excitations internes, et l’histoire des peuples est généralement l’histoire de ces expansions de chaleur naturelle.

DE LA DISSIMULATION ET DU SECRET.

Mazarin paya tous les bienfaits de Louis XIV par ces simples mots qu’il lui dit à l’oreille avant de mourir :

Simula, dissimula, nulli fide, omnia lauda.