Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/137

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Les autres montèrent, tour à tour, avides de voir, et passèrent la tête.

Deux ombres, en effet, étaient debout, de chaque côté de la rivière, à hauteur du pigeonnier, l’une dans l’île, l’autre sur la berge du parc. Elles ne bougeaient pas, et ne semblaient pas se cacher. Que faisaient-elles ? à quelle besogne mystérieuse se livraient-elles ?

Une brume légère reliant les nuages, on ne pouvait reconnaître les deux êtres, si tant est qu’on les connût déjà. Leurs silhouettes paraissaient de plus en plus courbées au-dessus de la rivière. Ils devaient y plonger leurs regards et surveiller quelque chose. Cependant ils n’avaient aucune lanterne qui pût les aider dans leur tâche. On eût dit deux braconniers à l’affût, ou qui tendaient des pièges.

Raoul remporta l’échelle jusqu’à la maison de Béchoux. Ensuite, ils se rendirent au manoir. Deux chaînes à cadenas renforçaient la fermeture de la serrure. Il avait fait faire le double de toutes les clefs, et il possédait de même la clef qui ouvrait la porte de la maison par-derrière. Ils marchaient avec précaution, mais il n’y avait aucun danger que les autres, qui opéraient dans le parc, en avant du manoir, pussent les entendre. Une lampe de poche très faible les éclairait.

Raoul entra dans le billard et prit, au milieu d’une panoplie de vieilles armes hors d’usage, un fusil placé là d’avance.

« Il est chargé, dit-il. Avoue, Béchoux, que la cachette est bonne, et que tu ne t’en doutais pas.

— Vous n’allez pas les tuer, murmura Catherine, qui s’effarait.

— Non, mais je vais tirer.

— Oh ! je vous en supplie. »

Il éteignit sa lampe de poche et, tout doucement, ouvrit une des croisées de la fenêtre, et poussa l’un des volets.