M. Arnold hocha la tête et ricana, ironiquement :
« Non… rien à faire… Me livrer, c’est livrer Charlotte. Et vous ne le voudriez pas. Et ce serait aussi faire du scandale et compromettre Mlle Catherine, Mme Guercin. À cela M. d’Avenac s’y opposera. N’est-ce pas, monsieur d’Avenac, vous qui êtes le chef et à qui Béchoux est forcé d’obéir, n’est-ce pas, vous vous opposerez à toute action contre moi ? »
Il semblait défier Raoul et accepter le duel au cas où celui-ci se déciderait à combattre. Raoul ne savait-il pas que Bertrande avait été la complice de son mari et que la moindre révélation porterait un coup terrible à l’affection des deux sœurs ! Le livrer à la justice, c’était la honte publique pour Bertrande.
Raoul d’Avenac n’hésita pas. Il affirma :
« Nous sommes d’accord. Il serait absurde de provoquer un scandale. »
M. Arnold insista.
« Par conséquent, je n’ai pas à craindre de représailles ?
— Non.
— Je suis libre ?
— Tu es libre.
— Et comme, en résumé, j’ai concouru pour une grosse part à une affaire qu’un homme de votre calibre ne tardera pas à réaliser, j’ai droit à un prélèvement personnel sur les bénéfices prochains ?
— Ah ! ça non ! fit Raoul en riant de bon cœur. Tu exagères, monsieur Arnold.
— C’est votre avis, ce n’est pas le mien. En tout cas, j’exige. »
Ces deux syllabes furent scandées fortement, et d’une voix qui ne plaisantait pas. Raoul épia le visage obstiné du domestique et s’inquiéta.