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On entendait un ronflement de moteur. La grille fut ouverte et deux automobiles apparurent.

Le valet de chambre, Arnold, entra vivement. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, mince, très brun de peau, habillé comme un garde plutôt que comme un domestique.

« Les magistrats, monsieur, dit-il à Béchoux. Il y a aussi deux médecins : celui de Lillebonne, qui est venu hier, et un médecin légiste. Madame doit-elle les attendre ici ? »

Ce fut Raoul qui répondit, d’une voix nette, sans hésitation :

« Un instant. Deux questions sont à envisager. L’attentat contre M. Guercin, d’abord. De ce côté, laissons toute latitude à la justice et que l’enquête se déroule comme il se doit. Mais, du côté de votre sœur, madame, prenons toutes les précautions nécessaires. Les gendarmes ont-ils été avertis de sa disparition, hier ?

— Forcément, dit Béchoux, puisque cette disparition nous semblait la conséquence d’un meurtre, et que nos recherches visaient le coupable de ce meurtre-là et du meurtre de M. Guercin.

— Mais, quand elle est rentrée, ce matin, a-t-elle été surprise par un des plantons ?

— Non, affirma Bertrande. Non. Selon ce que m’a raconté Catherine, elle s’est glissée par une petite porte du jardin dont elle avait la clef, et elle a pu pénétrer par une fenêtre du rez-de-chaussée sans que personne l’aperçût.

— Et depuis, il n’a pas été question de son retour ?

— Si, déclara le domestique Arnold. J’ai dit tout à l’heure au brigadier de gendarmerie que nos craintes avaient été fausses, et que mademoiselle, un peu souffrante, s’était endormie hier, dans une pièce isolée, une ancienne lingerie où on l’a retrouvée dans la soirée.