Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/73

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même où Charlotte en sortait. Ce fut un miracle si les décombres ne l’ensevelirent pas.

Dans une véritable crise où elle s’évanouit deux fois, Catherine Montessieux raconta, devant sa sœur et devant Béchoux, tout ce qu’elle savait. La porte de la salle à manger où la scène se passait était ouverte sur la cuisine. M. Arnold et Charlotte purent entendre.

Elle raconta tout, la transplantation certaine des trois saules, les prédictions de la mère Vauchel, son assassinat, l’assassinat de son fils et les preuves irrécusables qui faisaient de ces deux crimes des faits qu’il était impossible de mettre en doute.

Si elle ne dit rien de son voyage à Paris et de sa première entrevue avec Raoul, en revanche, par une réaction imprévue contre l’influence qu’il exerçait sur elle, sans détour, elle dit leurs recherches communes, leurs conversations et les enquêtes personnelles et concluantes qu’il avait poursuivies sur les deux Vauchel. Tout cela finit par des larmes. Désolée d’avoir trahi Raoul, elle eut un accès de fièvre qui la mit au lit pour deux jours.

De son côté Bertrande Guercin était gagnée par les terreurs de Catherine. Elle ne voyait que dangers et agressions. M. Arnold et Charlotte partageaient le même état d’esprit. Pour eux comme pour elle, l’ennemi rôdait entre les murs et autour du domaine, y pénétrant ou en sortant par des issues ignorées. Il allait et venait à sa guise, surgissait, disparaissait, frappait aux heures choisies par lui, toujours invisible et toujours inaccessible, sournois et audacieux, poursuivant une œuvre souterraine dont lui seul connaissait le but.

Béchoux exultait. Son échec lui semblait effacé par celui de Raoul, et il ne se faisait pas faute de harceler d’Avenac.