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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/119

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cxv
introduction

échevelé. IL n’y a pas de pire escompteuse de l’irréel que la République conservatrice. Il n’existe pas de chimère radicale ou socialiste, point de voyage dans la Lune, point d’itinéraire au pays de Tendre et d’Utopie qui suppose réalisées un aussi grand nombre de conditions irréelles et d’ailleurs irréalisables. Les vastes entreprises auxquelles serait forcément condamné, à peine maître du pouvoir, tout parti républicain patriote, modéré et conservateur, ne fonderaient sur rien, ne poseraient sur rien, et, faute d’un appui, aboutiraient nécessairement à des chutes nouvelles, mais beaucoup plus profondes.

La profonde erreur de 1895 fut commise assez innocemment pour que, le dégât reconnu, on garde le moyen d’en plaindre les auteurs. Quinze ans plus tard, ni la pitié ni la clémence, ni l’excuse, ne sont possibles. Après la faute immense dont nous subissons encore les contre-coups, toute épreuve de même genre ferait honte à l’esprit politique de notre race. Tout désir, toute tentative de refaire la République modérée et conservatrice doit se juger à la clarté de la faute ancienne et de sa leçon. Non seulement il ne vaut pas la peine de désirer une pareille République, mais il importe de la haïr comme le plus dangereux des pièges tendus à la France par