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avant 1895 : « point d’affaires »

le fait accompli ; il faut qu’elle renonce à l’Alsace. » Grévy ajoutait : « N’en croyez pas les fous qui vous disent le contraire[1]… » Après la victoire du parti, la politique de Grévy s’imposa en fait ; les « fous » eux-mêmes, c’est-à-dire Gambetta et ses amis cessèrent de conseiller sérieusement « le contraire » ; s’ils continuaient d’en parler, ils y pensaient si peu qu’ils nouaient d’obscures intrigues avec M. de Bismarck[2]. Il en résultait à Berlin une sorte de protectorat qui pesa lourdement sur nous.

À la volonté agissante du Chancelier correspondait chez nous la volonté de céder, de nous laisser mener, de ne jamais soulever de complica-

  1. Souvenirs de Scheurer-Kestner. On trouvera le texte de la conversation à l’appendice i.
  2. Voyez, sur ce sujet, la République de Bismarck, par Marie de Roux et Jacques Bainville (Brochure parue à la Gazette de France, Paris, 1905), et Bismarck et la France, de Jacques Bainville, 1 vol.  à la Nouvelle Librairie Nationale, 1907. — Au surplus, l’examen des budgets de la Guerre permet de saisir les intentions et les arrière-pensées dans les actes. D’après les chiffres donnés par M. Klotz, rapporteur du budget de la Guerre en 1906, le budget de préparation nationale à la guerre, constructions neuves et approvisionnements de réserves (3e section du budget du département), s’est mis à décroître rapidement à partir de 1881. « De près du double des dépenses similaires allemandes en 1881 » (145 millions contre 80 en Allemagne}, « elles tombent à moins d’un cinquième en 1905 », c’est-à-dire à 27 millions sontre 137 millions en Allemagne. Cette date de 1881 est celle de la deuxième législature républicaine. Elle marque des élections triomphales et l’affermissement au pouvoir de Grévy et de Gambetta. J’extrais ces indications et ces renvois d’un article du général Langlois au Temps du 26 février 1906.