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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/132

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kiel et tanger

tions. Cette volonté toute négative que se transmirent nos diplomates aida Bismarck à les jeter dans la politique coloniale. On désirait nous éloigner des conseils de l’Europe, au moment même où nos gouvernants se montraient scrupuleusement attentifs à n’y plus rentrer : pour donner pleine satisfaction à ce bel accord, il suffisait de faire miroiter aux yeux de l’électeur ou du parlementaire français l’image de quelques « bons coups » à frapper sans risque. La Tunisie en parut un. L’Indo-Chine en parut un autre. Cependant, notre empire colonial, dit M. Lockroy, « ne recèle pas les richesses qu’on lui attribue[1] ». Quand il nous faisait généreusement ces présents discutables, le prince de Bismarck comptait bien que la Tunisie nous créerait de longues difficultés avec l’Italie, si déjà il ne méditait de nous lancer obliquement contre l’Angleterre. Peut-être aussi calcula-t-il que, la mise en valeur de l’Indo-Chine devant coûter très cher, il serait temps de s’approprier le domaine quand les trésors français l’auraient engraissé et rendu moins improductif. Nos gains, s’il y eut gain, étaient accompagnés, au même instant, de graves déchets, « Les marchés du Levant, de la Méditerranée et de

  1. Lockroy : La Défense navale. — Sur les origines bismarckiennes de notre politique coloniale et les premiers budgets du ministère des Colonies, on peut aussi consulter le substantiel opuscule du Comte de Chaudordy : Considérations sur la politique extérieure et coloniale de la France, 1897.