Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
11
avant 1895 : « point d’affaires »

l’Amérique nous ont été disputés, puis peu après enlevés », confesse M. Lockroy. Nous perdions des terres françaises : l’Égypte, la Syrie ! Pertes sèches, alors que les bénéfices nouveaux, loin d’être nets, étaient onéreux pour le présent et pour l’avenir bien précaires. L’unique avantage en aura été d’exercer l’activité de la nation. La politique coloniale nous forma des hommes, administrateurs et soldats. On murmurait en outre que, en mettant la chose au pis, elle fournirait la menue monnaie des échanges européens, quand s’ouvrirait, le plus tard possible, la succession d’un vieil empereur…

Ces lieux communs de l’éloquence gambettiste ou de l’intrigue ferryste étaient surtout des formules d’excuse destinées à masquer l’incertitude ou la versatilité des desseins. Nos expéditions coloniales doivent être comprises comme des dérivatifs allemands, acceptés par notre Gouvernement en vue d’entreprises financières profitables à ses amis. Nul plan d’ensemble. On travaillait au petit bonheur, avançant, reculant, sans système tracé, ni choix défini, sans avoir voulu, sans même avoir su, mais (il convient aussi de le reconnaître) en parfaite conformité avec l’esprit des institutions, La nolonté diplomatique de ce gouvernement se compose avec l’intérêt supérieur de la République et la condition même de sa durée.

L’instinct des vieux routiers de la Défense nationale et des 363 ne les trompait donc point en