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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/158

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kiel et tanger

troupes, le travail de nos officiers. Nous lui devions l’existence même de notre armée. Si le parti républicain a poursuivi avec une certaine lenteur les destructions qu’il nommait les plus nécessaires, c’est encore de l’idée de Revanche que nous sont venues ces années de grâce et de sursis. Quelle carte splendide nous avait jetée là le destin ! Il eût fallu la retenir à tout prix. Un office public aurait dû être préposé à la garde de cette idée-force. École, presse, État, famille, tout le monde aurait dû rivaliser d’attention et de vigilance pour conspirer à ce maintien. En l’absence du Prince, la Revanche faisait briller un reflet, une image de son autorité. Politique du Rhin, retour vers le Rhin, sur les pas de César et de Louis XIV ! Un peu des volontés et des traditions capétiennes subsistait au fond de nos désirs et de nos regrets.

Le jeune ministre Hanotaux avait-il réfléchi à cela ? Ce qu’il détruisait sans pitié n’était pas réfectible. Mais l’insouciance publique ressemblait à de la confiance. Comme elle ne mettait aucune limite à l’autorité qu’il exerçait, elle l’enivrait. Ce crédit, fait au ministre plus qu’à l’homme, était général. Tout en s’appliquant à bien remplir son mandat de pleine puissance, il s’en exagérait, non point peut-être l’étendue ni la valeur, mais assurément la durée… Autour de lui, on partageait et on encourageait son rêve. À quoi bon cultiver le

    Scheurer-Kestner, le comte de Mun, Drumont, Jaurès, Gambetta, Ranc, etc.