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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/162

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kiel et tanger

pouvoir la réaliser. S’emparerait-elle de l’épine dorsale du monde noir ? Achèverait-elle cette voie ferrée du Cap au Caire, que ses travaux simultanés poussaient également du nord au sud et du sud au nord ? C’est au Sud africain surtout que son progrès était saisissant. Elle avançait rapidement au-delà de Boulowaïho. Mais les nations rivales avaient aussi le temps de couper cette magnifique route militaire et commerciale. En s’emparant de ce qui n’appartenait à personne dans la partie moyenne de l’Afrique, la France pouvait espérer de joindre sa colonie orientale d’Obock, où le négus était pour elle, à son vaste domaine de l’Ouest africain : la transversale ainsi menée arrêtait net la route verticale de l’Angleterre, et l’intervention française, passant au sud des cataractes, permettait de rouvrir la question d’Égypte, la question des Indes, la question de la Méditerranée, et de toutes les autres mers sur lesquelles régnait jusqu’alors, sans conteste, le pavillon de Sa Gracieuse Majesté.

C’est en juillet 1896 — sous le règne de Félix Faure, la présidence de M. Méline et l’administration de M. Hanotaux — que le commandant Marchand, à qui avait été suggérée[1] cette grande

  1. M. Hanotaux a fait remarquer, après Marchand, je crois, qu’il n’est point le premier auteur de cette suggestion, à laquelle M. Delcassé n’avait pas été étranger. Il y a une phase antibritannique dans l’existence politique de M. Delcassé durant son passage au ministère des colonies dans le cabinet Charles Dupuy (1894). Le lecteur sent combien ces questions de personnes ont peu d’intérêt dans un