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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/206

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kiel et tanger

nation de Dreyfus, qu’elle gracia sur-le-champ, mais elle organisa le procès de la Haute-Cour et mit en œuvre le système qui portera désormais la marque de 1899-1900 : elle fit de la Défense républicaine.

Les sanctions politiques données à l’affaire Dreyfus furent expressément contraires au verdict rendu le 9 septembre 1899 par le tribunal compétent. Un nouvel article 7 fut voté contre l’enseignement religieux. Les Congrégations furent réexpulsées. Le Gouvernement s’appuya publiquement sur les organisations anarchiques, un cortège révolutionnaire vint caresser du drapeau rouge le visage du président Loubet, qui ne sourcilla point. Non plus que son ministre Waldeck-Rousseau, M. Loubet ne manqua jamais l’occasion de témoigner aux Juifs par ses actes, et aux Protestants par ses paroles, qu’il les tenait, selon le mot de M. Brisson, pour la véritable « ossature » de la République[1]. La Maçonnerie gouverna, ainsi qu’elle avait fait au lendemain de la victoire des 363. Les classes indépendantes, les familles honorées, les plus anciens éléments de la nation, se virent retirer l’accès du fonctionnariat, exception n’étant faite que pour des personnalités disposées à se dégager de leurs traditions, de leurs relations ou de leur honneur. La délation qui florissait dans

  1. M. Waldeck-Rousseau devait dire à Saint-Étienne Je 12 janvier 1902 : « Il existe une entente naturelle entre le régime républicain et le culte protestant, car l’un et l’autre reposent sur le libre examen. »