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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/227

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le réalisme universel

préparatifs de la guerre, on les étale. Partout, il ne s’agit que d’intimider avant de frapper, soit pour éviter de frapper, soit afin de ne frapper qu’efficacement, à coup sûr, comme l’État d’Orange et le Transvaal l’ont suffisamment éprouvé.

Entre eux, les plus puissants États se témoignent des égards : plutôt que d’en venir aux mains, ils conviendront de se partager certaines dépouilles. Celles des plus faibles ? Peut-être que non, car ces faibles sont répartis en clientèle autour de chaque État fort. La grande guerre de destruction tenue en suspens et qui doit éclater un jour ou l’autre vise plutôt les nations d’étendue et de force moyenne dont la Pologne fut le type à l’avant-dernier siècle. De nos jours, ce n’est pas la Roumanie, ce n’est pas la Turquie ni le Portugal, ce n’est même pas l’Italie que les grands empires menacent. Le Portugal est anglais, la Turquie et la Roumanie à peu près allemandes. Le jeu de l’Italie est de feindre tour à tour un même rôle subalterne auprès de Londres et de Berlin. Il ne reste plus guère que nous dans la zone de liberté dangereuse. En 1900, la France était encore étrangère à ces systèmes de protectorats impériaux. En 1910, preuve de survivance, mais signe de très grand péril, elle n’est encore entrée définitivement sous aucun, et, pour l’y faire entrer avant de se la partager, on se rend compte qu’il faudra commencer par l’amoindrir dans ses moyens d’action ou dans l’opinion qu’elle en a.

Mais Berlin et Londres s’en rendent compte :