Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
152
kiel et tanger

bien superflues, de ce sentiment. Il fut encore inférieur à sa fâche en ne s’inquiétant pas de savoir si nos forces militaires valaient les forces de cet empereur dédaigné. Plus il pouvait avoir raison dans son attitude, plus il devait se rendre capable de la soutenir aisément. En admettant que Guillaume II manquât de « sérieux », il fallait pouvoir l’attendre de pied ferme et opposer à ses démonstrations des démonstrations plus vigoureuses encore. M. Delcassé avait beau rejeter toute idée d’une offensive éventuelle de l’empereur. Il méritait tous les châtiments du seul fait qu’il négligeait de se garder contre le cas fortuit où l’hypothèse ainsi écartée se serait produite. Diplomatie, c’est précaution.

La précaution à prendre s’indiquait toute seule : il importait d’intéresser le patriotisme français. Celui qui l’oublia fit une faute incomparable. Quoi ! tous vos mouvements d’Europe et d’Afrique, toutes vos allées et venues entre Londres et Paris, entre Rome et Saint-Pétersbourg, ont pour effet, sinon pour but, « d’ennuyer », ou même « d’encercler » l’empereur d’Allemagne. Vous faites mine d’éloigner de lui son allié du midi. Vous vous faites accuser de l’avoir écarté lui-même de vos arrangements coloniaux, et, en somme, c’est un peu vrai. Il s’agit d’isoler l’Allemagne, assure-t-on, et dans l’intimité, vous ajoutez : de « rouler » Guillaume, de « rouler » Radolin. Vous faites entendre que vous ne craignez rien. Tout se passera en conversations, vous en êtes sûr. Vous nous affir-