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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/318

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kiel et tanger

disait-on en 1905, de coordonner l’action de nos ministères. Dans ce noble dessein, l’on a rêvé d’un ministère central appelé Ministère de la Défense nationale. Le personnage pourvu de ce portefeuille cumulerait les Affaires étrangères, la Guerre, la Marine et les Colonies. On ne dit pas quelle serait la nature de ses rapports avec le président de la République, dont ce potentat pourrait escamoter la personne, le siège et le titre dès qu’il en aurait fantaisie. On ne dit pas non plus quelles seraient ses relations avec le Parlement le jour où Ia forme de son nez aurait déplu à la majorité : la défénestration des palabreurs hostiles serait probablement sa première réponse aux ordres du jour un peu frais.

Quelques-uns vont au-devant de l’objection en proposant de rendre la Guerre, la Marine et les Affaires étrangères, qui administrent les intérêts supérieurs de la patrie, indépendantes des fluctuations de la politique, et leurs titulaires (multiples ou uniques) inamovibles. On ajoute précipitamment : sous l’autorité du président de la République. En effet, s’ils ne dépendent pas de lui, ils seront ses supérieurs, et, s’ils dépendent de lui, ils voudront s’affranchir de ce joug nominal, de ce joug imjustifié : si des hommes recommandés par une haute valeur technique en ce qui touche à la sûreté même de l’État, ne doivent pas changer quand tout le reste change, s’ils conservent leur fonction indéfiniment, aucun politicien soumis à de tels changements n’aura