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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/319

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raison de l’inertie

d’autorité ni de prise sur lui. On peut sortir ainsi de l’anarchie parlementaire, mais ce sera par une dictature administrative, c’est-à-dire par la monarchie, sans les garanties de responsabilité à long terme d’impartialité et de modération qui sont propres à la monarchie.

Ce remède-là se confond avec le remède déroulédien. Il souffre des mêmes critiques, et l’argument tiré du beau masque de Roosevelt ne signifie rien. Roosevelt était le fondé de pouvoirs d’une ploutocratie en partie héréditaire. Profondément, il a été l’homme des Trusts. Pour avoir un équivalent français de M. Roosevelt, il faudrait combiner les personnages d’un Rothschild et d’un duc de la Rochefoucauld-Doudeauville. Rentrons dans nos conditions françaises : ce dictateur, s’il est élu, songera d’abord à sa réélection, et il lui manquera la vertu indispensable au chef de l’État : la capacité de réagir contre l’opinion du pays dans l’intérêt de ce pays. L’élira-t-on à vie ? L’obsession du long avenir historique, la prévoyance paternelle qui y répond, feront défaut encore. Le gouvernement d’un seul, lorsqu’il est sérieux, complet, indépendant, ne saurait recevoir qu’un tempérament : c’est l’hérédité. Sans elle, il est mené à la tyrannie la plus folle ; elle seule peut balancer le règne de l’opinion, car elle impose le souci, essentiellemert domestique, paternel, dynastique, de l’histoire à venir qui n’est pour la masse d’un peuple qu’un rêve abstrait sans consistance ni vertu.