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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/338

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kiel et tanger

ville[1] », et qui serait environné des hommages de l’univers. Tous les instruments nécessaires à une politique européenne active sont à notre disposition. Tout est possible, tout est prêt, le roi est là. Mais si l’on ne veut pas du roi, il est très important de ne plus se leurrer : quoi qu’on veuille ou qu’on rêve, il faudra renoncer à rien réaliser, la vivante condition de toute manœuvre étant ainsi omise ou laissée de côté.

Les deux grands poèmes diplomatiques dont nous avons suivi et expliqué l’échec avaient certainement de quoi séduire les imaginations. Si le sentiment national s’est montré à peu près aussi froid pour l’aventure anglophile que pour l’aventure germanophile, des hommes d’élite se seront passionnés successivement pour ces projets antagonistes. Nous avons vu un capitaine comme Marchand,\des écrivains comme Jules Lemaître, Judet, Lavisse, se laisser tenter par l’ample étendue du plan Hanotaux… Non moins vivement, Édouard Drumont, Paul Déroulède, Jules Delafosse, Cochin, se sont prononcés en faveur de l’épure de M. Delcassé… On ne peut dire que les uns ni les autres aient commis d’erreur d’appréciation. Dans les airs, tous raisonnaient juste. Il n’était pas absurde d’aller chercher à Londres les clefs de Strasbourg et de Metz, et l’idée d’une opération de ce genre, conduite après entente avec Guillaume II, pouvait se défendre : seulement

  1. Expression de Jules Lemaître.