Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
220
kiel et tanger

au sortir de négociations et de difficultés encore brûlantes, se jouaient des plus grands secrets de la politique extérieure de leurs pays[1]. Dès l’automne de 1905, les conversations, les démarches, même les documents relatifs à la chute de M. Delcassé coururent les journaux par le soin de l’ancien ministre et de ses amis : M. Sarraut en a rempli la Dépêche de Toulouse et l’Humanité.

Trahison ? soit. Cette trahison était bien fatale. Il le fallait. Il le fallait absolument pour M. Delcassé, il le fallait pour ses amis, il le fallait pour ses électeurs : chacun se préparait aux élections législatives de mai suivant, et, si M. Clemenceau en manifesta quelque indignation facétieuse, cela tenait uniquement à ce que le sénateur du Var n’était pas candidat à la députation[2]. C’est en vain que la Conférence d’Algésiras approchait, elle aussi ; en vain risquions-nous d’y être mis en état d’infériorité par les divulgations de nos diplomates parlementaires. La grande Conférence européenne n’était de rien au prix de la nécessité où se voyait M. Delcassé de ramener à lui la faveur et la sympathie de l’électeur. Cette faveur venait de lui être ravie brutalement dans une-conversation internationale recueillie par M. Georges Vil-

  1. Voir l’Appendice XI, Nos secrets d’État.
  2. M. Clemenceau était d’ailleurs candidat ministre. Il le devint quelques mois plus tard, et la tête d’homme d’État que le vieil opposant anarchiste venait de se façonner aux dépens de M. Delcassé lui mérita la confiance de notre suzerain, le roi d’Angleterre. Voir encore l’appendice XI.